Kim
Newman
4e
de couverture :
Imaginez
les jumeaux maléfiques de Sherlock Holmes et du docteur Watson…
Vous obtenez le redoutable duo formé par le professeur James
Moriarty − serpent d’une intelligence remarquable, aussi
cruel qu’imprévisible − et le colonel Sebastian Moran −
violent, libertin et politiquement incorrect.
Ensemble,
ils règnent sur Londres en maîtres du crime, tenant dans leur poing
police et hors-la-loi. Quelle que soit leur mission, du meurtre au
cambriolage de haut vol, Moriarty et Moran accueillent un flot de
visiteurs malfaisants : membres du Si-Fan assoiffés de sang,
Vampires de Paris, et même une certaine Irène Alder…
Un
style élégant et plein d’humour typiquement britannique. Une
revisite impertinente de l’œuvre de Conan Doyle. On s’amuse
énormément. (Ariane
Marquis, actusf.com)
L’auteur :
Kim
Newman
est un auteur et critique de cinéma anglais. Il est né le 31
juillet 1959, à Londres, a grandi dans le comté du Somerset, et
poursuivi ses études à l’Université du Sussex. Il a d’abord
exercé une activité de journaliste dans divers magazines avant de
se tourner vers l’écriture.
Marqué
par le film « Dracula » de Tod
Browning
à l’âge de onze ans, c’est dans le roman d’horreur qu’il se
fera connaître, notamment avec Anno
Dracula
qui lui vaudra l’International Horror Guild Award, en 1994.
Moriarty,
le chien des d’Uberville
est sorti en France en 2015.
Mon
avis :
Le
personnage du professeur Moriarty a été créé par Conan Doyle qui
en a fait l’ennemi juré de Sherlock Holmes. Il y est fait allusion
dans cinq nouvelles, mais il n’apparaît directement que deux
fois : dans La vallée de la peur et dans
Le dernier problème. C’est d’ailleurs dans cette dernière
nouvelle qu’on le rencontre pour la première fois, qui aurait pu
être la dernière puisqu’elle se termine par la chute des deux
adversaires dans les chutes du Reichenbach, près de Meirigen
(Suisse).
En
toute logique, c’est au même endroit que s’achèvera le récit
fait par le colonel Sebastian Moran, bras droit de Moriarty.
Kim
Newman, avec son Chien
des d’Uberville,
reprend en creux l’œuvre de Conan Doyle en mettant en scène le
personnage que Sherlock Holmes décrit lui-même comme le
Napoléon du crime, un cerveau criminel, véritable génie du mal.
Si
les références au détective de Baker Street sont nombreuses, il
n’apparaît cependant que dans la dernière nouvelle de ce livre
présenté comme le journal de Moran et qui couvre sept histoires
différentes. Tout en reprenant l’univers de Conan Doyle et
certains de ses personnages,
l’auteur ne s’intéresse ici qu’au professeur, et si la
nouvelle qui donne le sous-titre de ce volume est un clin d’œil à
l’une des plus célèbres aventures de Sherlock Holmes, on
y croise d’autres individus sortis de mondes bien différents. La
Castafiore et ses bijoux, Dracula, Arsène Lupin et même James Bond
sont l’objet de références plus ou moins directes. Irène Adler
(surnommée « la
Salope » par Moran),
qui sort elle aussi de l’imagination de Conan Doyle, a droit à un
traitement particulier, puisqu’elle est a
l’origine d’une des nouvelles.
Les
fans du grand détective seront certainement déçus de le croiser
aussi peu, et peut-être vexés de constater que Moriarty le prend
pour le dernier des imbéciles, mais je
trouve la démarche
intéressante. À défaut
d’être réussie !
Bien que n’étant pas réellement un roman « steampunk »,
l’écriture « victorienne » et les allusions aux
sciences l’en approchent, et
plus particulièrement dans la nouvelle L’aventure
des six malédictions.
L’humour, très britannique
et plutôt noir, est omniprésent, mais ne parvient pas à sauver
l’ensemble d’un mortel ennui. Malgré quelques scènes d’action
assez réussies, c’est long, et l’on se prend à guetter la fin
du chapitre pour souffler un peu. Paradoxalement,
Moran, le narrateur, est un personnage moins lisse que son pendant,
le docteur Watson, ce qui laisserait présager quelque chose de plus
épicé… et effectivement, le colonel se montre beaucoup plus trash
que le médecin bien rangé, beaucoup moins « politiquement
correct », mais indéniablement, Newman
n’est pas Conan Doyle.
Moriarty n’a pas l’épaisseur de Holmes et
son bras droit, malgré sa verve et son côté hâbleur, ne parvient
pas à susciter suffisamment d’intérêt : on en vient à se
demander si ça valait vraiment le coup de s’avaler l’intégralité
de l’œuvre (qui fait dans les sept-cents pages) pour quelques
morceaux de bravoure. Reste une écriture qui séduira les amateurs
de steampunk et du XIXe
siècle, mais qui mériterait
d’être soigneusement élaguée.
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