Gunnar
Staalesen
Traduit
du norvégien par Alex Fouillet
4e
de couverture :
En
1957, une femme sublime se tue en voiture avec son amant
saxophoniste, dans un pacte macabre. Elle laisse deux filles.
Trente-cinq ans plus tard, lorsque l’une disparaît avec son mari,
sa sœur imagine le pire et appelle Varg Veum. Entre le mythe des
amants suicidés en 1957 et le présent, beaucoup de recoupements, de
ressemblances, comme dans un miroir. Les chalets de montagne sur les
hauteurs de Bergen se renvoient les échos du passé par-delà les
fjords.
Sur
fond de trafic en tout genre, la Norvège des années 90 a bien
les deux pieds dans son époque. Varg Veum aussi : il vient
d’acheter un téléphone portable !
Un
nouvel épisode jazzy pour le privé norvégien.
L’auteur :
Gunnar
Staalesen
est né à Bergen (Norvège) le 19 octobre 1947.
Après
des études universitaires en littérature durant lesquelles il
étudie l’anglais et le français, il
se consacre immédiatement à l’écriture et commence à publier
dès 1969. Outre des romans noirs fortement influencés par Raymond
Chandler
et Ross
McDonald,
il écrit des nouvelles, des romans historiques et de nombreuses
pièces de théâtre. Il travaille d’ailleurs, dans les années 80,
au Den Nationale Scene, le plus important théâtre de Bergen, où
ses pièces seront représentées.
La
série policière « Varg Veum » met en scène le
personnage éponyme, ancien salarié de la protection de l’enfance
devenu détective privé après avoir eu la main un peu trop lourde
sur un dealer. Les histoires se situent dans le Bergen des années 80
et
90,
en pleine mutation urbaine, où règnent le meurtre et la
toxicomanie.
Comme
dans un miroir,
paru en 2012, est le douzième de cette série qui en comprend seize
à ce jour.
Mon
avis :
Le
détective privé se fait rare, dans la littérature d’aujourd’hui,
et c’est bien dommage, alors j’étais plutôt content d’en
croiser un nouveau, venu du froid, cette fois. Parmi les nombreux
auteurs de polar septentrional qui se sont taillé une bonne place
dans les vitrines de nos libraires, je n’avais pas encore découvert
Gunnar Staalesen, qui n’est pourtant pas un jeunot et
remporte un bon succès chez lui. C’est maintenant chose faite,
pour mon grand plaisir.
Varg
Veum, le privé norvégien, reprend les meilleures recettes du genre,
mais ses inspirateurs sont à chercher plutôt du côté des
Américains, pour le côté sombre et solitaire. Dans la vieille
Europe, Sherlock a son fidèle Watson, Poirot, le capitaine Arthur
Hastings, et Nestor Burma ne serait rien sans sa secrétaire. Les
héros américains, eux, travaillent seuls. Comme Veum. Ils ont des
rapports difficiles avec la police locale. Comme Veum. Ils sont
désabusés et assez cyniques. Comme Veum. Bon, soyons honnête, côté
désabusé et cynique, Burma ou Holmes ne sont pas mal non plus, mais
chez Staalesen, l’influence américaine est nettement
marquée. Et comme moi aussi, j’ai une petite préférence pour
Chandler, plutôt que Léo Malet, forcément, j’ai apprécié.
Il
faut dire que ce roman a tout pour séduire le lecteur : loin
d’être un simple clone de Philip Marlowe, Varg Veum s’inscrit
dans les années 90 et sa personnalité est forgée par la
société scandinave. C’est d’ailleurs bien celle-ci qu’à
travers son regard l’auteur tente de décrypter afin d’en
soulever les travers.
L’enquête
dont s’occupe le privé est tortueuse à souhait et nous perd dans
de multiples ramifications, mais Gunnar Staalesen ne joue pas
la fausse piste dans le seul but d’embrouiller le lecteur. Quand on
remue la vase, il en sort toujours quelque chose, même si ce n’est
pas forcément ce qu’on attend, et c’est justement cela qu’il
exploite, et qui apporte à l’histoire un certain réalisme, tout
en maintenant le suspense. L’intrigue ne se dénoue réellement que
dans les dernières pages, mais le déroulement du récit suscite
l’intérêt de bout en bout et permet d’entrevoir la Norvège
d’aujourd’hui, même si ce roman date un peu (les années 90).
Des personnages bien dessinés au service d’une histoire distillant
son lot de suspense sans oublier de mettre un coup de projecteur dans
les coins sombres de la société, c’est la recette simple du bon
polar, et Gunnar Staalesen sait la mitonner aux petits
oignons.
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